Eric Thaumiel, l'éditorialiste qui dérange...
- Dr House ███████
- 26 oct. 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 oct. 2021
Le Suicide Tsadien a connu un succès historique ! Ses conférences affichent complet. Nouvel idole d'une certaine catégorie des membres du personnel, courtisé bien au-delà des cadres de la Fondation, le journaliste fait "ravage" au sein de notre organisation. Aujourd'hui, Eric Thaumiel accorde en exclusivité un entretien dans Valeurs Administratives.

Certains membres du personnel et médias vous accusent d'être «Gazettophobe», «Technophobe», «Anormaliste» et même de vouloir réhabiliter une "dictature administrative". Que vous inspirent ces critiques ?
Je n'en pense rien étant donné qu'elles ne m'atteignent pas. On est allé jusqu'à m'accuser de nier le pouvoir du Conseil alors que je défend plutôt un renforcement de notre loyauté à nos supérieurs. Dès qu'on ne se couche pas devant la doxa, on est immédiatement accusé d'agresser une catégorie de personnes. Dès qu'on tente d'analyser une partie de notre organisation sans faire l'éloge de la magnifique égalité, fraternité et utopie communiste dans laquelle nous baignons, on est immédiatement accusé de fasciste. Il n'y a rien à répondre à cela. Mes adversaires idéologiques ne me critiquent pas, ils m'invectivent pour cacher l'inculture dont ils font preuve. Cela révèle que le débat au sein de la Fondation et plus particulièrement au sein de la Zone Tsade est désormais impossible. Il a été remplacé par l'insulte, le mensonge, la désinformation et la propagande syndicaliste !
A lecture de votre livre, on est frappé par votre capacité à tout conceptualiser. Vous ne craignez pas de tordre la réalité pour qu'elle soit proche de vos thèses ?
Je ne tords pas la réalité. En revanche, il est vrai que je vais au bout de ma logique et que la réalité me donne parfois tort, car la vie n'est pas toujours logique et demeure imprévisible. La réalité est plus indocile que la raison. Tous les grands stratèges militaires savent que la guerre réserve des surprises. Il en va de même dans le domaine des idées. Après, il est évident que la propagande médiatico-politique de certains journalistes pèsent également sur la réalité et les lecteurs. Cette propagande Gazetteuse exerce une pression sur les membres du personnels qui sont contraints à suivre la bien pensance !
Pourquoi jouer autant la carte de la provocation médiatique ?
Il y a une nuance entre jouer le jeu de la provocation et provoquer. Je provoque à travers mes idées. C'est, je crois, le but de tout auteur. Sinon, pourquoi écrire ? Pourquoi s'exprimer ? En revanche, je ne joue pas. Bien qu'on prétende le contraire, je ne dis jamais telle ou telle phrase pour faire le buzz dans l'intranet de la Fondation. Je défends simplement les idées auxquelles je crois. Le journal La Gazette de Tsade me reproche de surfer sur des idées nauséabondes pour faire parler de moi et faire de l'argent. C'est faux. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de défendre des idées avec sincérité, avec pugnacité ? Pourquoi aurais-je des arrière-pensées opportunistes ou médiocres ? Je trouve cette vision du débat assez triste.
Vous êtes devenu le porte-voix de nombreux membres du personnel qui soutiennent la Direction et vous ne manquez pas de dénoncer l'oligarchie médiatique. Vous en êtes pourtant un des membres?
Etre le porte-voix de la majorité silencieuse et loyale est ma plus grande fierté. Je suis heureux que les gens m'interpellent dans les couloirs pour me le dire. J'ai l'impression d'être resté fidèle à mes formateurs, de ne pas avoir trahi d'où je viens et ce que je suis devenu. Tout cela touche à des sentiments très profonds. Ma plus grande peur est effectivement de me couper du peuple et de rester enfermé dans ma tour d'ivoire médiatique. C'est un risque qu'il faut que je conjure. J'ignore encore comment.
Votre livre est avant tout un impitoyable réquisitoire contre la nouvelle faiblesse de la Fondation. Pouvez-vous développer ?
Les polémiques ont servi d'écrans de fumée pour ne pas parler du cœur du livre : une critique globale du libéralisme de la Fondation qui gangrène toute notre institution. Nous le savons tous, sous l'égide d'une illusion démocratique, nous donnons des libertés individuelles aux membres du personnels pour leur faire plaisir et s'assurer que grâce à cette carotte ils soutiennent la Direction, c'est tout simplement lamentable. Si vous voulez mon avis, le vrai problème dans notre organisation, c'est que nous nous sommes ramollis et que des faibles réussissent à mettre pression pour obtenir des petits avantages dans leur Contrat. Franchement, nous sommes au sein de la Fondation SCP, ce n'est pas à notre classe dirigeante de s'adapter aux petits journalistes corrompus, scientifiques paresseux et agents d'entretien syndicalistes qui veulent s'assurer de conditions de travail "convenables". Il faut apprendre à ces gens qu'ils ne font pas la loi ici et que toute menace de manifestation est puérile. Les membres du personnels doivent être forts, prêt à sacrifier leur vie pour l'Humanité. Ils ne pensent qu'à leurs intérêts personnels.
Bien passons. En ce qui concerne votre position idéologique, où vous placez-vous ?
Je dirais que je suis égal à moi même. Même si certains me traitent de "polémistes". Ce côté inclassable, après réflexion, me convient. Je refuse de rentrer dans la cuisine politicienne. Je n'ai pas fait un livre de politicard, mais un livre politique, au sens idéologique du terme. Il y a beaucoup de lecteurs de gauche qui me lisent et qui aiment ce que j'écris, et beaucoup de lecteurs de droite.
Alors qu'autrefois vous mettiez votre critique à l'égard des médias vous semblez aujourd'hui orienté par une vision plus identitaire de la Fondation, approuvez-vous ?
Evidemment. Même si ce n'est que ces derniers temps que vous l'avez remarqué car je le met plus en lumière, cela fait bien des années que j'en parle. Vous savez, à mon époque, c'était “assimile-toi ou rentre chez toi”. De nos jours, nous sommes soumis à toutes sortes de fantaisies et nous subissons une vague sans précédent de l'immigration anti-anormaliste ! La multiplication des membres du personnel anormal est une contamination qu'il est nécessaire de stopper le plus rapidement possible. Je suis ici pour alerter que ces hommes poissons, femmes poulpes, cyborgs au sexe indéterminé et robots transgenres risquent de profondément remplacer la normalité et l'humanité de souche. Or, lorsque je tiens ce type de discours authentiquement réaliste, on me traite d'anormaliste et de fasciste ! En fait, ma conception de la Fondation pourrait être résumée en trois mots : normalité, loyauté et assimilation. Malheureusement, tout cela n'existe plus. Tout cela est mort, parce que les élites l'ont abandonné et parce que des installations entières ont été submergés par ce grand remplacement. L'assimilation normaliste fonctionne parfaitement avec des individus, mais ne peut pas fonctionner avec des milliers de personnes, uniquement acceptées pour atteindre les quotas de diversité. Les «territoires perdus de la Fondation» racontés dans mon livre sont en réalité les territoires anormalisés.
Votre livre se propose de déconstruire les déconstructeurs. N'est-il pas plus urgent de reconstruire ?
Non, reconstruire demeure impossible. Les déconstructeurs sont toujours au pouvoir. Il suffit de regarder ceux qui occupent les locaux de la Gazette. Bien que minoritaire dans notre organisation, la bien pensance reste majoritaire chez les élites proches des syndicalistes. Toutes les conséquences de cette anormalisation ne semblent pas avoir été comprises. Ce n'est pas fini, nous n'avons pas encore touché le fond. Cela ne sert à rien de présenter des solutions, si nous ne sommes pas d'accord sur le diagnostic. Or, nous ne sommes pas d'accord sur le diagnostic. Les gens qui partagent mon diagnostic ne sont pas suffisamment respectés.
Pour conclure cet entretien exclusif, penchons nous sur vos derniers mots. Votre livre se termine par la phrase : «La Fondation se meurt, la Fondation est morte.» Un constat pessimiste ?
Du pessimisme, non ; mais de la désespérance, oui … Les maux sont tels qu'il n'y a plus de solutions pacifiques et raisonnables envisageables. Je ne vois plus d'issue. Nous sommes en guerre et notre organisme doit le comprendre, les travailleurs également. Ce livre est un appel à la mobilisation générale face à la bien-pensance, face aux anti-anormalistes, face aux traites de syndicalistes, face : aux faibles.
Une Interview exclusive pour Valeurs Administratives.
Crédits : Richard Cooper.
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